Hedda Gabler
donc à Sceaux aux Gémeaux,novembre 2012, une reprise pour les nuls qui auraient raté les oeuvres de monsieur Thomas Ostermeier
j'en fais partie,
Ibsen je l'avais découvert il y a longtemps en travaillant sur les mises en scène d'André Antoine, ce seul nom vous plonge si loin dans le temps avant 1900 , au XIX siècle! c'était le triomphe du réalisme, la découverte tout de même de l'illusion théâtrale, des objets, des décors construits, et d'un nouveau jeu, l'avènement d'un théâtre moderne, enfin éloigné des toquades romantiques et de la non révolution hernanienne, et Antoine en a monté beaucoup des pièces d'Ibsen.
C'est donc tout à fait étonnant ce retour d'Ibsen, et l'incroyable modernisation que s'est permis Ostermaier cet été à Avigon
mais ce n'est pas le cas avec Hedda. il monte la pièce entière, il n'y a pas de refonte, juste des resserrements, on supprime la bonne,tout est recentré sur les quatre protagonistes, on introduit des ordinateurs là où il y avait un bon vieux manuscrit
Le problème de la lecture d'Hedda est l'entrecroisement des dialogues avec un environnement d'objets et d'espaces décrits dans leur manifestation du XIX , bureau, rideaux, poêle, etc, et ça date, c'est dur à se représenter, la lecture n'est pas facile, toutes ces annotations collent, ralentissent,
Ostermeier et son équipe, dramaturge, scénographe, musicien, se sont emparés de ces intentions et les restituent dans un décor moderne, dépouillé, permettant une grande lisibilité, et alors tous les gestes, les intentions reprennent vie, dans une actualité qui nous parle et le drame, le jeu théâtral rêvé et écrit par Ibsen nous parvient transparent, intact dans sa force, ses ambivalences, ses secrets
Le jeu des acteurs est parfait dans le choix et l'interprétation, une incroyable légèreté, aucun pathos, Hedda est parfaitement dessinée, si légère, insaisissable, on ne cherche pas à lui construire une intériorité qui serait un leurre, son caractère émerge peu à peu, au milieu des hommes qui l'ignorent, la cherchent, la piègent. J'ai aimé que les ambivalences dessinées par Ibsen soient aussi bien rendues , par le jeu, sans en rajouter par une fausse psychologie, le théâtre s'impose, par ce jeu retenu, simple, à l'aise et juste, par cet espace et ces gestes qui nous entraînent vers des intentions plus mortelles.
Ostermeier et son équipe signent ici la construction d'un vrai théâtre, un grand bonheur d'émotion théâtrale
Katharina Schüttler/ Hedda Gabler
Jan Pappelbaum
le décor est un travail d'architecte, il génère un espace, parlant , efficace, dynamique