UBU ENCHAINE ALFRED JARRY

 

puisqu'un metteur en scène le promène dans toute la France avec Cantona qui joue UBU

ubu enchaîné   Athénée Theâtre

mise en scène : Dan Jemmett  16 mars > 14 avril 2012

 

ce texte jamais étudié, jamais monté

 

est pourtant un des textes fondateurs du comique et une réussite prodigieuse de monsieur Jarry

 

justement encensé par Apollinaire et André Breton, mais André Breton s'il avait du goût et de la juste perception, a tout de même repris les grandes découvertes de son mentor le géant Apollinaire dont on ne dit pas assez quel génie il était

 

émigrant  et inventeur de la poésie moderne

 

Avec Ubu enchaîné Jarry exprime  l'anarchisme de toute une époque, et se livre à une démonstration rigoureuse et ironique de tous les poncifs égalitaires

 

Ubu devient comme une  boussole métaphysique découvrant en un raccourci saisissant l'essence de la liberté

 

JE VEUX ETRE ESCLAVE MERE UBU

 

et Ubu Jarry nouveau Genet se rêve galérien, à la chiourme, bagnard, le bagne fonctionnait encore assez bien sous cette république, la fameuse troisième,

 

mais face à l'ordre républicain en 1900 monta alors du  peuple de France, quand il existait encore, un formidable cri de révolte anarchiste, avec bombes et manifs, et même un syndicat devenu depuis,  embourbé dans les rayons noirs d'un certain esprit de parti

 

mais alors justement, et Jarry l'exprime à merveille, on était plutôt dans l'explosion,

 

les hommes libres  ne veulent pas marcher au pas, et tout le monde s'entretue, dans une joyeuse débandade

le théâtre en prend un bon coup puisque Jarry affuble ses personnages de boulets en fer

avec la célèbre définition,

 c'est pas du fer doux c'est du fer à repasser

 

j'en affublais ainsi en 1969 une dizaine d'étudiants dans une mise en scène potache, mais panique, avec feu d'artifice, et bataille dans la salle( de légumes)

 

au passage le cher Jarry met au point les plus savoureuses répliques et jeux de scène retrouvant par sa verve le génie de la comedia dell' arte

 

Pissembock et Pissedoux sont les charmants accompagnateurs de la jeune Eleuthère vers la découverte de l'amour libre

 

Ubu des boulets aux pieds s'en va vers les galères quittant   définitivement les rivages de France à moins qu'il ne symbolise dans une vision inattendue le pays lui même, ses boulets, ses prisons, ses bourgeois, ses ordres républicains, ses clichés et ses imprécations

 

un merveilleux étudiant en art avait concocté d'ailleurs une affiche d'une France Ubu, à la manière des affichettes de 68, avec des boulets au pied et du coup les renseignements généraux se demandaient ce que ces affichettes voulaient bien signifier ainsi après l'enterrement de 68, dans la paix godiche retrouvée

 

c'est surtout une pièce impossible, toute de rebondissements, de danses, de destruction des décors, de batailles,

des personnages coupés en deux, et des inversions constantes de sens, des raisonnement drolatiques et imparables, mettant en jeu la liberté

Ubu dans son désir de travail servile met à bas l'équilibre fragile des hommes libres, les bourgeois le jalousent et veulent aussi aller en prison, plus personne ne veut travailler, le travail devient un vol organisé, quant aux galères, la punition devient un luxe à savourer, tout le monde s'embarque dans une sorte de nef des fous

 

sans équivalent dans le théâtre français.

Père Ubu voici votre bonnet vert qui s'envole par dessus les moulins!

anton alain

 

Sur la représentation, de Dan Jemmett

Il est curieux de choisir  ce texte et de se contenter de cette simplification statique, Jarry  vise pourtant un théâtre de groupe, le réduire à une petite illustration est bien dommage et vite ennuyeux, on ne peut en rien surtout ressentir la grande bouffonnerie et les critiques si fines de Jarry sous leurs airs énormes

Cantona se défend correctement, et son mordant va bien à UBU, on ne peut qu'estimer le choix de cet acteur qui a préféré cette offre à bien d'autre et qu'il assume depuis maintenant six mois, montrant une belle constance. Valérie Crouzet joue une  mère UBu plutôt jolie avec avec facilité et  puissance, le bonimenteur, Giovanni Calo, qui accompagne et joue tous les autres rôles, se donne tant qu'il peut, cela garde sa logique, mais les personnages évoqués manquent, et finalement pour celui ou celle qui découvre la pièce, vraisemblablement, il ne comprend rien,
Non Ubu enchaîné n'est pas un texte à entendre, seulement, en le jouant de loin.

la critique de Audrey Natalizi sur son blog est assez juste et décrit bien le spectacle.

 

 

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