Stanislaw Ignacy Witkiewicz

 

vérifiant un lien je vois qu'il n'y est plus, ce site est donc sans lien sur Witkacy, cela ne se peut, il a été une révélation en France dans les annéees 70,  en Pologne il est un auteur marquant des années 30/40, et une de mes idoles!

on m'a raconté que lors d'une réédition sous la Pologne communiste son oeuvre complète s'était arrachée en une journée, faut dire que c'était délicat, un polonais qui se suicide à l'arrivée du grand frère Russe lors de l'invasion conjointe hitlerostalinienne, ça gêne! En France il est arrivé à moitié mort: surréalisme finissant, réflexion sur les contradictions capitalisme communisme, et fin de la civilisation; dérision généralisée, si corrosive pour tout régime, tout ordre établi, même au service d'une Forme Pure, implacable et folle exigence. Oui , mais cela venait des années trente,la guerre était loin, on ne comprenait guère ses fureurs.  Il y a eu un Cahier de l'Herne, quelques mises en scène et puis, oubli, plus personne n 'y met les pieds. Faut dire que les normes du théâtre des années trente ne sont plus trop les nôtres, ou alors il  faudrait une fabuleuse reflexion et innovation de la transcription scénique  (j'ai retrouvé le même étonnement avec le théâtre , lui aussi mis au placard, de Boulgakov, et pourtant il a passé sa vie à écrire du théâtre, ça parle, c'est décousu, baroque, persifleur, mais ici tout le monde s'en fout). Alors Witkiewicz reste avec son oeuvre et son suicide  protestataire, contre l'ordre des puissances mais aussi contre une certaine absurdité de la vie.

Peut -être encore en Pologne ?

évocation très juste de  sa bio dans une critique de Thibaudat (blog sur mediapart) sur une pièce montée en 2016  par Jessica Dalle,  dans Walpurg-Tragédie en mixant Le Fou et la Nonne et La Mère, 

La vigueur de Witkacy

Witkacy, c’est ainsi que l’appellent tous les Polonais, est un artiste total. Il fut photographe, innombrables sont ses autoportraits où on le voit se mettre en scène avec jubilation. Il fut un peintre de mouvance surréaliste et plus encore un dessinateur au coup de crayon ultra rapide, créateur d’une « firme » artistico-commerciale où il réalisait des portraits sur commande dont le prix variait selon le temps de pose, des portraits qui entendaient cerner plus le psychisme du modèle (souvent des amis) que son physique. Record à battre, il réalisa ainsi 77 portraits de Nena Stachurska. Comme le fera plus tard Henri Michaux, il réalisa également une série de dessins sous différentes drogues. Après le suicide de sa première fiancée, il partit à l’autre bout du monde comme dessinateur avec son ami l’anthropologue, ethnologue et explorateur Bronislaw Malinowski. Sa vie fut aussi à elle toute seule un roman, comme en témoignent ses amis qui racontent les dimanches et les soirées passés avec lui. Parmi eux figurait Bruno Schulz (il croisa également Gombrowicz mais le courant ne passa pas).

Les romans (épais, foisonnants comme L’Inassouvissement) et le théâtre s’ajoutent à cette panoplie bien garnie en fortifiant sa postérité. Au théâtre qu’il jugeait en retard sur les autres arts, Witkacy cherchait ce qu’il nomme « la Forme pure » et que l’on peut comparer à ce que cherchait Antonin Artaud à la même époque, celle de l’entre-deux-guerres. Il écrivit beaucoup de pièces qui ne seront traduites en français que bien plus tard, longtemps après sa mort : il se suicide en 1939 quand il apprend l’entrée des forces allemandes et russes sur le territoire polonais.

L’entendement affectif

Traduit en français dans les années 60 par le Belge Alain Van Crugten puis par d’autres, son théâtre allait intéresser des metteurs en scène curieux comme Claude Régy (La Mèreavec Madeleine Renaud), Philippe Adrien (La Poule d’eau) ou Alain Ollivier (La Métaphysique d’un veau à deux têtes) . Des metteurs en scène polonais prestigieux comme Tadeusz Kantor et Krystian Lupa ont fait leur apprentissage et trouvé leur voie à travers des pièces de Witkacy. Le Petit Manoir, La Pieuvre et La Poule d’eau pour Kantor ; Les Pragmatiques, Mathias Korbowa et Bellatrix pour Lupa.

« Le théâtre a pour tâche selon nous d’introduire précisément le spectateur dans un état exceptionnel qui ne peut être atteint aussi facilement dans l’écoulement du jour quotidien dans sa forme pure, un état d’entendement affectif du Mystère de l’Existence », écrit Stanislaw Witkiewicz (Introduction à la théorie de la Forme pure au théâtre). 

Tout est très juste, Thibaudat développe plutôt la partie théâtrale de  l'oeuvre, il faut insister aussi sur sa multiplicité,  Witkacy réunissant  anthopologie et surréalisme (une forme de), théâtre,  peinture , romans, et vraiment par ses personnages et son scénario l'Inassouvissement mérite d'être relu, conception extrême des grands romans (historiques fictionnels), fable fabuleuse où les chinois,  seuls véritables communistes et force militaire, viennent bouffer l'URSS et ses communistes endormis, razzier toute l'Europe, sauf la Pologne seule résistante et porteuse de valeurs chrétiennes et aristocratiques. A l'époque cela ne manque pas de piquant, ni de courage, rire dévastateur,  suicide de l'artiste et de pas mal de polonais.

De même Thibaudat a raison de souligner l'importance des Cordonniers, pièce fleuve, réflexion sur l'aliénation des travailleurs par les systèmes capitalistes et communistes (pour résumer), avec des personnages flambloyants: une  princesse sadomaso, des traitres et des héros du travail, nouveaux philosophes (les Cordonniers) ça parle, et c'est mal traduit, KANTOR est venu à Paris  pour les monter mais s'est cassé les dents.

sur les Cordonniers , voir le Grotesque de l'histoire p 80, 

une bio et des liens (peintures et photographie)

art de Witkatcy http://www.witkacy.org/

 exposition à la MEP

WITKIEWICZ autoportrait

 

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