Cinq statues de saints dans une église abandonnée du sud ouest de la France

comédie

à jouer dans les champs

 

Cinq statues de saints se mettent à revivre, et ce qu'il en advient.
L'action se passe à la campagne, un paysan Sophocle accueille des étudiants et des étrangers pour les travaux saisonniers. Il a un projet: abattre la petite église et construire un centre commercial, il pourra au passage empocher l'argent des OGM planqués derrière le nouveau golf. Il a l'appui du Maire et de l'Evêque, l'équipe se disloque et se tire dessus.

Les saints se promènent, ils sont recherchés par la police européenne des statues évanouies (PESE)
un policier romain, la gendarmerie.

Marie tombe enceinte.

Un petit comité de défense s'oppose aux projets du Maire et de Sophocle,
et propose un spectacle sur les origines du Monde.

accouchement, fuite,

via Sangatte, les saints émigrent

pour d'autres terres...

 


Cinq statues de saints dans une petite église abandonnée du sud ouest de la France.

Comédie en 6 actes

 

Personnages

 

Gabriel statue, ange

Marie statue, représentation d'une bergère jchrétienne, juive et palestinienne.

Joseph statue, saint

Roc statue, saint sans son chien

Jean statue, apôtre apocalyptique et prophétique

Ange1 ange, puis statue, masculin

Ange2 ange, puis statue, féminin

Daphné amie de Gabriel, gérante d'un petit bar

Sœur Louise accueille les saints chez Emma

Sophocle paysan

Léon ouvrier agricole

Le Maire

Clara femme du maire et future maire

L'évêque

Le conservateur

OlmiHolmes policier romain et aussi satanique

Le préfet Léo

Gendarmes

Les quinzevintcinq Commissaires européens

Ambassadeurs (israéliens, palestiniens, français)

Chef du parti du gouvernement

Un ministre égaré

Un chef de gare

Hommes d'affaires sectaires

 

Les étudiants

Léa étudiante

Dan étudiant américain

Cruz Roger étudiant argentin, ami de Marie

Un étudiant philosophe

Autres étudiants

Chasseurs

Villageois

Une paysanne

Public d'une représentation

Deux miss

 

Espaces

La représentation s'inscrit dans un espace étendu de campagne (ou autre espace plus théâtral). Les lieux peuvent être construits et diversifiés, le public va de l'un à l'autre, mieux il est dedans. On a ainsi un vrai camping avec de vraies tentes, un vrai tracteur et de réelles voitures, tout en ajoutant divers lieux de jeux, (estrades), l'église centre devant être plus symbolisée que réelle.

on peut aussi tout remiser dans une salle alors ce sera plus concentré, plus réduit,à inventer.

 

proposée en lecture au CNT cette pièce n'a guère plu, 

 


 

Partie I

 

1. Sophocle, Le Maire,  dans un extérieur indéterminé, avant scène

Sophocle _ Non ! vous dis-je, non !

Le Maire _  Vous m’avez promis !

Sophocle _ Non, vous dis-je, non

Le Maire _ Mais

Sophocle _ Non

Le Maire _ Le terrain

Sophocle _ L’église

Le Maire _ Le bowling

Sophocle _ Mes OGM !

Le Maire _ Ah ! vous vous voulez tout, vous !

Sophocle _ Et vous !  vous voulez  le fric et mes voix.

Le Maire _ Vous vous y retrouvez, non ? La commune mange votre bétail, vos terrains augmentent de valeur, j’ai fait passer la départementale juste à côté de vos bâtiments.

Sophocle _ Et moi, je vous ai fait nommer trésorier du syndicat.

Le Maire _ Oui, justement, il faut conclure, cela ne durera pas, je sens déjà venir les investigations du contrôleur général et du juge.

Sophocle _ Il en croque

Le Maire _ D’autres élections, un frissonnement, un changement de régime, une révolution !

Sophocle _ Ma voix et celles des éleveurs si vous me débarrassez de l’église !

Le Maire _ Et l’évêché ?

Sophocle _ Ils vendent maintenant leurs vieilleries.

Le Maire _ Et le service de protection des vieilleries ?

Sophocle _ Là-dessus, on construit  un nouveau terrain  de golf avec brasserie, et hop ! J’empoche mes OGM.

Le Maire _ C’est risqué

Sophocle _ Ça paye, un petit hectare planqué derrière le golf, les internationaux m’ont contacté, vous avez votre centre de formation, le tout à l’égout, et des voix.

Le Maire _ Ah ! Vous me tentez, alors vous viendrez au prochain conseil ?

Sophocle _ J’y penserai, et vous, ramenez-moi l’évêché.

   

2. Des étudiants arrivent  à travers champs,

Sur un petit chemin, Léa et Dan avec valise et sac à dos.

Arrivée des étudiants

Une vieille femme _ Pour les jobs d’été, c’est tout droit puis vous tournez après le dernier pré.

 

Léa et Dan, (on comprend qu'ils  viennent de se rencontrer.)

Léa trébuche

Léa _. on se les tord vraiment

Dan _. évidemment avec de telles chaussures

Léa _. mes dernières soldes

Dan _. ici on n’est même plus sur portable

Léa _. quelle odeur !

Dan _. la campagne est à la mode, on respire le lisier à pleins poumons

Léa _. on peut chanter à tue tête ( ce qu’elle fait en écoutant son walk)

Dan _. le travail d’été, je me suis spécialisé, je vais à la fac trois mois, le reste je fais les saisons, hiver ski, été patates maïs vendanges 

Léa _. direct du producteur au consommateur (elle lui file un joint)

Dan _. on arrive.

 

Le Maire _  juché sur une butte, avec son écharpe de Maire.

                Ça fait du monde l’été, ça leur sert à étudier

Les études sont gratuites, la main d’œuvre aussi, mieux qu’un CDD

Vive l’égalité des chances !

 

 

3. Sophocle les attend du haut de son tracteur.

Sophocle _

Du haut de mon tracteur je vous accueillerai, je vous conduirai d’un champ à un autre

Je vous hébergerai dans ces vastes prairies où vous pourrez camper et faire ce qui vous chante

Attention, rendez-vous à cinq heures  au soleil, pas de tire au flanc, sinon,  bye bye !

 

Sophocle _ Allez montez, je vous installe

 (tous montent dans la carriole ou sur le tracteur)

Léa _      C’est marrant on se croirait zàla foire.

 

4.

Le tracteur de Sophocle va vers la grange et le camping des étudiants

on passe devant la petite église

on entend des vaches, mais surtout le bruit du tracteur et la fumée qui s’en échappe

étudiants sur le tracteur

Léa et Dan

 

Dan _. t’as vu les cylindres

Léa _. oh ! une petite église,

Dan _. combien de chevaux ?

Léa _. au moins du XIIIème

Dan _. on ira jeter un coup d’œil

Léa _. au moteur

 

Sophocle _          Zêtes arrivés et maintenant installez votre campement

           eau à volonté,  froide, attention, un peu soufrée

            et quand vous le voudrez poulets au grain, canetons pur jus

            ici c’est la bonne bouffe pas cte merde des restaus U.

 

5.  Réveil des statues

La nuit tombe, le campement s’installe, installation de petites tentes, et éclairage de la grange qui sert également de refuge, les étudiants  s'affairent. La lumière baisse sur ce lieu et monte sur l’église centrale.

L'église est plus ou moins construite, on comprend qu'elle n'a plus de toit par une lumière diffuse qui vient d'en haut et englobe les statues.

 

Les statues sont là immobiles, habillées selon la tradition

silence

puis une statue bouge un bras, on entend des craquements, puis une autre  bouge les yeux, un ange  lève ses bras et perd ses ailes qui tombent.

 

Statues

Gabriel _ On dirait qu’on devient vivant

Marie _   Qu'on sort des limbes !

Roc _      Qu'on sait parler

Gabriel _ Impossible!  Je te respire, je t’effleure, sommes-nous de chair ?

Joseph _  Vraiment pourri (il enlève son bras de bois) c'est mieux ainsi

Gabriel _ Qui sommes-nous en cette église abandonnée à parler en cette nuit ?

        Mémoire mémoire, tout est brouillé, qui je suis ? Qui êtes-vous ?

Marie _ Je suis Marie, pas elle, l'autre, Marie 2, Marie 3, la représentation ancienne d'une jeune bergère chrétienne palestinienne juive, un sculpteur s'est permis de me modeler des formes, pas mal ?

Gabriel _ Et toi,  tu es ?

Joseph _  Joseph, charpentier de mon état, tout dans le bois pas en bois. Ah non ! Foutu bras.(il termine de s'extraire et d'enlever les morceaux abîmés)

Jean _    J’ai vu un ange qui s’élevait dans les cieux, il m’a ouvert la porte, il m’a offert un stylo, il m’a dit  "Ecris à toutes les paroisses, dis leur j'ai vu un ange qui portait un glaive et qui criait « Je vous exterminerai »

Roc _    C'est Jean, il ne s'arrête jamais, enfin on peut le zapper  (il lui donne un coup sur la tête) sinon je n'aurais  jamais pu dormir. Moi, c'est Roc, je vais chez Hyacinthe, j'aime les voyages, quelle longue période d'immobilité, il est temps de fumer une pipe.

Gabriel _ Moi je ne suis pas comme vous, regardez, j'ai des ailes.  

Jean _     Tu avais des ailes, aviateur ! Tu jouais de la trompette, ange !

Gabriel _Si j'étais un ange j'aurais connu la lumière du ciel et je serais déchu parmi les humains ?

Marie _  Tu es comme nous, statue de bois dans une église ouverte brisée dans le froid de la nuit.

Gabriel _ Qui nous réunit  pour nous donner vie ?

Marie _ Banal, les personnages se lèvent, se mettent à parler leur journée, eux ils adorent.

Gabriel _ Ils sont différents, ils sont de vrais humains, nous ne sommes pas nés de femme et d'homme, nous sommes orphelins.

Roc _ Et eux ne sont-ils pas semblables ? avant la naissance rien, au sortir de l'enfance une petite couche d'amour et de peur, puis après.

Marie _  Je me souviens de mon corps de statues, tout ce temps dans l’église jusqu’à ce que le toit s’effondre, comme il fait froid.

Gabriel _ J'ai des souvenirs de mille ans, un vrai tourbillon.

Marie _   Je ne suis pas si vieille.

Gabriel _ Comme nos vêtements sont anciens

Marie _   Bien trop légers bien trop anciens.

 

Gabriel _ Tu te souviens du bruit des camions qui descendent la route

le virage l'affreux virage

Marie _   La petite fille qu'ils ont ramenée, les cris des parents et son petit visage

Gabriel _ Arrête !

Marie _ Toutes leurs prières et leurs ex-voto

Gabriel _ A mon fils mort à la guerre

Marie _   A ma femme morte en couches

Roc _      A leur effroi

Joseph _  A leurs mensonges

Gabriel _ A leur léchage de botte

Roc _      A leurs coups de canons.

 

Gabriel _ Nous sommes un peu leurs souvenirs.

Roc _     Révolution à droite, hop ! Révolution à gauche hop ! guerre, résistance, exécution, hop ! enrichissement, hop ! une petite église pour commémoration  Hop!

Gabriel _ Si nous vivons, nous allons devoir les rejoindre

Roc _         Et survivre

Joseph _ Avoir faim

Marie _ Et froid

Jean _ Et mourir

Marie _ Attends, nous en sommes à la renaissance

Gabriel _ Et nous marier

Roc _ Ah ! les belles cérémonies, ces lourdauds engoncés dans leurs atours

Marie _ Les chants des enfants parés pour quelle noce !

Joseph _ Travailler, des outils vite ! Fabriquer, je vais revivre !

 

Gabriel _ A quelle époque sommes-nous ?

Roc _ Nous ne sommes plus jamais sortis

Marie _ Ils ne viennent plus nous voir

Jean _  Il y avait un ange, il jouait de la trompette  il me montra les sept sièges des sept sages des sept cieux et il y eut une grande lueur.

Roc _ Chut !

 

6. Entrent Léa et Dan qui se glissent dans l'église au milieu des statues

Léa _. On ne voit rien, des statues qui rôdent dans une pluie d'étoiles

Dan _. Léa, une furieuse envie de t'embrasser

Léa _. Attends attends, idiot, on reviendra c'est joli.

 

 

Les saints

Joseph _ Vous avez vu, ils se gênent pas !

Jean _   Il y avait des cercles de feu autour de la lune, un dragon immense se leva et se tordit dans le ciel.

 

7.  Devant l'église, tôt le matin

Sophocle _ Six heures tapantes, la journée sera chaude, allons mes petits gars, dans les rayons de Phoebus je m'élance vers les joies du labeur.

(avec son téléphone portable) Allô ! Oui, l'évêque, le conservateur  ce soir, avec le maire, OK. L'évêque viendra demain, après  on rase gratis.

 Le tracteur s'élance

Gabriel _ Celui là il nous en veut,

               De toute manière on est une espèce menacée.

Marie avance le matin seule en avant de l'église, la lumière du soleil lui fait une lueur d'apparition.

 

8. Arrivée de Léon, homme de main de la ferme et buveur, amoureux des statues.

Léon _. Marie je viens t'apporter ces fleurs,  tous les matins je vais leur rendre visite, enlever la pluie, les polir mes petites statues (Il l'aperçoit)

Léon _. Nom de D… une apparition ! (il s'enfuit)

Gabriel _ Tu lui as fait vraiment peur

Marie _ Ca va pas être coton avec ces vêtements, et puis si on nous cherche ?

Gabriel _ Alors on devra disparaître

Roc _Allons au campement, on y trouvera peut être à manger

Marie _ Il a laissé tomber son engin (elle ramasse le vélo), c'est marrant, ah ! je tombe, non ça file, oh ! le vent le vent.

 

Elle descend la colline à vélo à travers champ, les autres la poursuivent.

 

   


© tous droits réservés, Dérives, anton alain.

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