RUSHDIE

 

1) hasard et nécessité

si tu n’es pas dans la nécessité, tu ne connaîtras pas le hasard car le hasard nécessairement se distingue de la nécessité mais le hasard intervient justement comme nécessité au milieu d’une nécessité qui n’est que hasard.

2)

justement se demandait Rushdie qu’est donc venu foutre l’ayato là et son veto pas rigolo il regardait la fenêtre anglaise pleuvante brumante, le ciel lourd à l’idée que Gabriel pourrait encore tomber, il rigolait dans les couloirs, à quatre pattes sur le dos, sous les yeux des flics anglais, il avait trouvé la forme un jour en jouant avec l’enfance, avec tout ce qu’il avait en lui, c’était venu par couches, comme un volcan dans une grande joie, mais comment était venu s’inscrire dans l’oeuvre, l’arrêt de mort ? en pleine prise de la pâte, on l’avait séparé des vivants, de ce qu’il aimait, au bout de la fantaisie, dieu, il ne le voyait pas ainsi, il n’était même pas le messager de lui-même ni d’un autre, rien que des couches qui riaient à l’infini, s’entassaient, sources noires de Bombay.

les surveillants l’emmerdaient autant que les tueurs, il mit sa jupe et se colla du rouge avec talons et fourrure, il passa par la porte d’entrée, les laquais le prirent pour une pute, il marchait avec difficulté dans un roman d’injustice trois étoiles qu’un autre dingue écrirait juste pour qu’il puisse sortir dans son rêve réalité, il percevait les bus trois étages, les troupes en rut autour des magasins X venus d’orient, il demanda un ticket, s'assit son cul sur les chaises dures et attendit le film, les regards feulaient la fille qui roulait des hanches, les clients fumaient, une main caressa son boa, il partit en claquant la porte interdite d’écrire, la lune placardée des imams remonte la Tamise, des jonques couvrent les banquises, oscillation générale.

3) annexe

toujours l’histoire de celui qui écrit, la plume dans l’eau dans un métro dans un bordel ou dans un grand hôtel dans une mansarde ou dans une maison honnête achetée à crédit ou dans un logement social octroyé par un ministre, je préférerais Rochefort ou Shanghai, près d’un volcan cerné d’étoiles, titubante lave, faire bouillir la marmite, étoiles rampantes, les trains rentrent dans des gares poussés par les percolateurs de Calvino, café chaud, le stylo bout, je regarde mes maux par ces lunettes virtuelles.

 

annexe 2

autre temps plus récent, seuls les morts ont perdu cette agilité à suivre leur temps, à s’adapter, à faire face, leurs combats leurs défaites témoignent, dans l’immédiat, il y a urgence, je suis convaincu qu‘on nous joue une histoire bien compactée avec ces guerres de religions, ces massacres en tout genre, cet abandon à un intégrisme qui n’a rien d’intègre, terreur qu’on met en place avec l’aide de qui ?

va falloir passer à la stratégie, le chômage n’est plus suffisant, ni les bombes atomiques, faut bien effrayer les foules, les mettre au pas, alors on tue, on planifie, quand la littérature déjoue les masques, on envoie les chiens, la presse enfouit les coupables les crimes et les victimes, même les morts sont voilés, reste Rushdie, dans un uniforme des colonies impeccable, glorifié pour la cause.

 

4) sur le banc une forme allongée lui tendit non sans mal son litron, l’homme disait qu’il s’appelait Epiphas, il le regardait, souffre l’homme, litre enfant porté en terre, c’est la première fois dit Rushdie collant le litron aux lèvres  "  à tous les Imams " lune de mars décapitée, langue policée crachant debout, j’ai pas mangé, ouvrir les grilles des cimetières, se lèvent les corps " j’ai inventé le SAMUSOCIAL " s’écria le leader charismatique en visite à Londres incognito

inauguration de la statue de l’ultraGaulle, le pinard roucoulait des lèvres, devenait écume, suintait, grimaçait " où est le hasard? " demandait Ruschdie " dans l’herméneutique " dit l’autre - tu déconnes - l’interprétation mon cul, des enfants criaient qu’une autre lune viendrait, n’ira nulle part, juste un volcan qui ne voulait pas s’éteindre, fonçait à l’interstice du parc, une nuit près de la mort " réchauffe-mio ", quelle tentation dit Rush, je le réchaufferai nu, m’emportera au ciel, les deux hommes serrés sous la statue du général, le leaderscandalisé cria au lèse majestueuxnational, siffla toutes les polices, du ciel survint une fourgonnette, l’un était mort, l’autre était nu, claquait des dents, on ne le prit guère au sérieux surtout quand il dit qu’il s’appelait Rushdie, maintenant au dépôt, on lui avait filé une couverture, l’écriture ne renvoie qu’aux cercles qu’elle trace autour des fantasmes de celui qui l’utilise comme des cartons d’encens, quiconque rentrera en ces cercles aura mal aux fesses, une lueur émergea du parc brûlant jusqu’à la statue, on rechercha en vin les traces du nationaliste frenchie.

une main de feu lui martelait la tête, mon rêve d’amour incompris, il traversa le mur, happé, les filles chantaient " hardi les gars  " sortis d’ Alcatraz, crachés des haines, finir le tunnel, remettre un pantalon, le tueur aux dents sadiques reluquait le corps de l’ Ado doux, fut bousculé par cette traînée de prisonniers s’échappant, R la tête dans le pantalon aux bretelles geignant " mes pieds me font mal ", impasses, faubourg, enfer, me recycler contre elle mais voilà, suis-je ou ne suis-je pas une femme ? R devenait L, ne plus savoir çà arrive,
ya des bars pour ça, la fille lui rappelait sa tante, il la devint, devenue L, métamorphosée, ni R ni rien, la plume unifiante avait fondu son corps comme la statue, ses collants foulaient l’herbe, le chemisier écrase les seins, globes doux et âcres, il sentait l’odeur de pipe qu’il fumait hier, finalement il se sentait mieux, il y aurait à lire un texte nouveau caché entre les biennes des prisons, les défilés, les troupes arrmées, les drapeaux, les imams, cela ne le concernait plus, liberté du hasard

tournant une rue il monta dans un bus pour Heathrow il était dans l’avion.

 

à Rushdie 1996

Anton Alain

 

annexe 3

ce texte m'a envahi, s'est imposé comme un collage, est devenu manifeste, mais où le publier ? venu de mon admiration pour les premières pages des Versets, de tout ce que représente cet interdit, cette censure à la quelle il se confronte, il nous confronte, de mon indignation devant tous ces pseudos qui demandent encore si çà vaut le coup de le lire, si ce n'est pas de la pub, après tout vous comprenez il l'a bien cherché, méfiance française.

 

annexe 4

aujourd'hui  janvier 2015 assassinat à Charlie, on retrouve les mêmes haines les mêmes questions

aujourd'hui, Salman Rushdie est un homme sauvé , on espère, et toujours un homme à écouter

Déclaration de Salman Rushdie:

"Religion, a mediaeval form of unreason, when combined with modern weaponry becomes a real threat to our freedoms. This religious totalitarianism has caused a deadly mutation in the heart of Islam and we see the tragic consequences in Paris today. I stand with Charlie Hebdo, as we all must, to defend the art of satire, which has always been a force for liberty and against tyranny, dishonesty and stupidity. ‘Respect for religion’ has become a code phrase meaning ‘fear of religion.’ Religions, like all other ideas, deserve criticism, satire, and, yes, our fearless disrespect."

Nous publions ici la déclaration, dans son intégralité, de l’essayiste et romancier Salman Rushdie suite aux attaques terroristes qui ont frappé la France.

« La religion est une forme médiévale de déraison qui devient une réelle menace pour nos libertés quand elle est combinée avec un armement moderne. Ce totalitarisme religieux est à l’origine d’une mutation meurtrière au coeur de l’islam dont nous voyons aujourd’hui les conséquences tragiques à Paris. Je me tiens aux côtés de Charlie Hebdo, comme il est notre devoir à tous, car il faut défendre l’art de la satire qui a toujours été une force de liberté face à la bêtise, la malhonnêteté et la tyrannie. « Le respect de la religion » n’est qu’une formule qui renvoie en réalité « la peur de la religion ». Comme toutes les autres idées, les religions appellent la satire, les critiques et, oui, un irrespect dénué de toute peur."


Salman Rushdie »

 

 

 

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