Thomas Ostermeier

 

Les Revenants

 

à  Nanterre Avril 2013

les revenants ibsen nanterre 2013

il se fait allumer par le point article de G.Costaz

 réponse

Abus de critique

Je vous réponds pour vous dire que vous n’avez guère le droit de passer aussi lestement sur le travail d’Ostermeier dans les Revenants, actuellement à Nanterre. Circulez ya rien à voir est un  message abusif et même injurieux. Ostermeier poursuit un long chemin avec Ibsen, ce spectacle s’inscrit dans une continuité.  Il réussit justement à moderniser le réalisme, à le mettre en place avec des éléments modernes, dans un espace scénique ouvert et rythmé. Ostermeier est toujours prêt à dynamiser le rapport scène public (on l’a vu  à Avignon)  et pourtant il le maintient, mais sans aucune illusion. Ce qui remet les acteurs au centre d’un jeu juste, équilibré, évitant toutes les aberrations d’un mauvais réalisme. Il y a une grande écoute des acteurs et du texte. Et Ibsen redevient  un auteur  contemporain alors qu’il est si loin,  ses problématiques, ses interrogations  rejoignent celles d’aujourd’hui grâce à cette formalité scénique renouvelée.

 

étude

le problème c'est le réalisme, comment ne pas se retrouver dans un décor et des personnages collés au réalisme , c'est tout le problème du cinéma en France, vrais gens, vraie rue, vrai café et on essaie de parler aussi mal qu'on respire,

oui mais, le réalisme fut un acquis , une nouveauté en 1890, car alors il a mis à la rue tous les braillements du théâtre de la déclamation dont on n'était pas sorti, on sortait à reculons, jamais de dos, ce fut la grande gloire d'Antoine petit employé des postes de jouer un vrai personnage, dans un vrai bistrot et de dos, ajoutons que sa première pièce de Zola contait le retour d'un exilé de la Commune et on aura compris que le réalisme à ce moment  cinglait.

 mais il est devenu prison, convention, réalisme de toc, et mauvais phrasé, (sauf les méditations de Brecht évidemment et jamais en France)

Ostermeier c'est plus fort que lui ne garde que quelques aspects d'une modernité choisie,  et cherche à les dynamiter, le décor et tous ses composants sont priés de danser en rythme, élargissement ici par des projections un peu sombres mais omniprésentes, ainsi sommes nous soudain traversés d'oiseaux très noirs. et tout finit dans une auto destruction à coup d'extincteur

l'autre question du réalisme est alors celle du jeu et du phrasé, le personnage pourra être très accentué et situé, habits, gestes, paroles et accents,  Ostermeier cherche surtout un naturel,(comme il le dit dans son programme) en fait il,a gommé ce qui était trop marqué, on peut le lui reprocher car je pense que la pièce d'Ibsen s'appuie sur un regard plus caricatural, la veuve est vraiment coincée, le pasteur franchement réac, le père franchement ivrogne et le fils joue à l'artiste,  mais  ici tout le monde flotte dans un registre simple  peu situé, cela évite toute caricature. Engstrand le menuisier est bien fringué comme un ouvrier mais aucune recherche d'un pseudo parler ouvrier, la mère est élégante, le pasteur lisse, c'est peut être là que c'est critiquable, mais je pense que c'est le résultat d'un travail.  A force d'écouter cette pièce et de s'y confronter,  Ostermeier préfère construire des rythmes, des situations et nous faire entendre  le sérieux des enjeux le plus clairement possible, et ne pas la jouer trop direct, ainsi sommes  nous dans un réalisme indirect!

vrai langage d'un théâtre qui passe la rampe, pas de quatrième mur, autre chose, Ostermeier est un chercheur, d'espace,

 

Sollness le constructeur à la Colline direction de Françon propose un tout autre dispositif, du construit, un décor stable, du réalisme léché, bien fait, mais plat, horizontal alors que toute la pièce est un rêve de hauteur, dans cet univers plat et stable, il n'y a que la seule Hilde a essayer de sauter sur les canapés, mais ça ne s'envole guère, les acteurs doivent alors construire leurs échanges dans cet arrière fond trop stable, et il faut tout le talent de W Yordanof pour que cela ne s'effrite pas, ici le réalisme ne respire pas il n'y a guère d'invention dans la théâtralité, un équilibre correct mais bien précaire.

Conclusion, on admire la présence continuée d'Ibsen, comme le dit si bien Joyce (programme de la Colline) Ibsen va toujours à l'essentiel du drame, du sérieux du drame, et ne construit pas tant que ça des personnages, d'où leur flottement quant on les joue, Ibsen c'est une dramaturgie au couteau, qui se déroule, implacable, mais qui exige une réinvention théâtrale,

 

OSTERMEIER

 

 

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