FIEVRES
ANTON ALAIN
"Un rythme s'y met
Et tu acquiers un bien
Guillevic. Art Poétique
Lecteur
Les intertitres ne sont pas des classements plutôt des bornes, des pauses qui indiquent des directions, présentes dans les autres poèmes.
Des poèmes anciens côtoient des poèmes du jour, de 1980 à 2002.
La poésie est faite pour être lue, si tu veux la dire, ne la clame pas, trouve ton murmure, un chant proche de la pensée.
Espérance que ces mots cerclent et retiennent un peu de ce temps,
Anton Alain
flots de mots aux amis
flots de souvenirs
les poèmes sont libres
art valorisé et dévalorisé
la nef est sur la page
une voix pour nos corps
des mots pour résister
pensez et nuancez
hurlez et crucifiez
ressuscitez
si vous le pouvez
voix de ceux qui nous rachètent
voix incorruptibles et corruptibles
transfert des âmes et des siècles
psy
K
analyse du chaos
pour conclure
au chaos
n'empêchera pas les effusions
elles remodèlent
intelligence
la substantifique moelle du poème
on ne haïra jamais assez ceux qui n'en ont vu qu'une
formalisation pathétique ah Hue Go
curieux
Eugène Guillevic et Allen Ginsberg
se sont aimés
Ezra Ezra
dans les lunes de l'enfance
une douceur
dollars accrocs
des mères absentes détruites
emblèmes du château de DUINO
Sur la falaise des tempêtes
un peu d'or avec de l'écume
des anges
mais le poème
cette sphère de soleil et d’essaims qui fleurit
entre les cimes du cerveau gris
chante l’azur parmi les joyeuses fumées,
tout s’élève pour être consumé
retour vers l'immense cité
les morts plus petits que leurs rêves
berce les vivants
écoute le vent
Le poème n'allume aucune lanterne
N'empêche aucune larme
Ne transforme pas le monde
Il trace la route de l'être.
Paris 2002
Himalaya
la montagne interrogée
a sur son cœur
un village
au début du jour
un autre alphabet
à écouter les astres
le moine éructa l'oubli
salut conciliateur
d’avoir perdu nom
et jusqu’à ce salut
lui rendre le bonjour
une route sans voyance
une errance avec la langue
une errance somnolente
une errance de divânerie
Mac Leod
le soir lance au loin l’appel
soir soir puis rien
l’amour la mort la fin
l’hirondelle le vent
la nuit
la bourrasque le froid village
au fond d’un matin
un vieux chien
des mots
des acteurs
le tournage de l’enfance
on revient
matin par matin
l’aventura compte ses biens
en vain
Sometimes
Le temps d’un rite
sur tes épaules
le jour s’est confondu à l’amour
le soir le rire le rire et l’après rire
la vie s’est installée
et pieuse elle a été
jusqu’à la humble humble réalité
le bleu des cris a des horloges
à la recherche à la recherche
la main tient l’homme en équilibre
en paix immobile mobile
écrire
des mots chauds de vie divine
donne nous à boire
par la pluie du désir l’homme ardent
a élevé la journée
sur son dos sur ses yeux sur son visage
il a serré son dieu et le bruit de sa mort
à Michel J. de Nantes
Dans les Himalaya j’ai vu de la poudre ocre et rouge
dans le bar d’à côté les mêmes couleurs
plus un peu de formica réverbérant le soleil
moucheté de la misère
qui n’est pas un soleil
juste un peu de puces et de poussière
dans le couloir de chez mon ami
avec aussi le chat
les paillettes des dieux d’Egypte
les élans du sexe
âcres nuits d’amours.
à Mawlana
Vertige
le créant
je l’ai transformé
dans ma main
je n’avais cependant
qu’un souffle
une vie
est un vertige
de sable
dans le moule
du vertige même
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Bénarès
Essai pour ne pas perdre la poussière
Celle des ruelles où tu t’avances puisque c’est l’heure et que tu as tout oublié de ta raison, celle de la société d’où tu viens et que tu portes et dont tu te défends, là parmi ces autres, et chez toi tu te sentais chez toi ?
cela tu l’as oublié aussi
L’évidence c’est ici, cette ruelle, ces échoppes, ces bruits de marteaux, ta faim.
Comment décrire, comment percevoir ?
Le rythme tu ne pouvais l’imaginer ni le souhaiter
comment comprendre partager un peu
comment décrypter ?
Voici le Gange, le fleuve si réputé que tu cherches avidement jusqu’à ce qu’enfin accosté, un guide à demi moqueur t’emmène vers l’hôtel accueil où tu pourras vivre.
Je n’aime pas décrire, mais ici il le faut, car ce lieu m’a arrêté, interrogé comme je l’interroge.
Varanassi, Kashi, Lumière,
la vieille ville du fleuve où tu marches en ce Noël,
où tu remontes le temps, où tu ressens le battement d’un cœur
au centre d’un autre savoir.
A Christiane Tourlet.
Palais temples mosquées dominant le fleuve
Ruelles qui descendent à pic vers l’eau
Mouvement incessant des hommes à la rivière
Hommes des rues qui se mélangent
Aux bœufs et aux vaches
Ville commerces échoppes forges marchés
Rives construites rives désertées
La coudée intime l’ordre
A la nature à l’homme
De s’arrêter enfin.
Le Gange Ganga la déesse lente la débordante
charriant de sa nef
la face construite des hommes
et la rive émerveillée d’en face
nue
sacrée
sable
carcasse des bateaux ces mirifiques
venus des temps
leurs lourdes rames
aucun moteur ne hante Ganga
immuable
la baignade des buffles et des enfants
La ville marécage
bords du monde
campements agités de feux
tremplins d’étoiles
la nuit accueille en sa serre d’été les maudits et les nombres
Qu’as-tu à écrire sur ce golfe de Gange
là où cela s’arrête
et qu’il te semble mourir
à la vie éternelle
accueilli des foules ici rejointes
accueilli
en ce repos
terre plein sacré des barques sous la lune
hymnes chantés toute la nuit d’une voix rauque
Qui dira la science de dieu ?
Qui la témoignera ?
Morts marqués de Ram
baignant sous l’étoffe
couronnés
attendant le pyré
Les yeux des calcinés rongent la nuit
éclatent de rigueur
Ramayana le tambour et la voix
Ramayana
les doigts habiles sur les touches de l’harmonium
Ramayana
tu es le mythe chanté à un carrefour actuel
répété guide
du nom de Ram
quel souvenir
l’homme
l’homme fait de bruits et de Ramayana
le cortège maintient le mort
les passants se serrent à son passage
corps de bandelettes tressautant sur sa barque
Palais temples mosquées dominant le fleuve
ruelles qui descendent à pic
vers l’eau
La première fois
je retins mon souffle
la seconde
j’expirai
et fus dedans
Je descends les marches
je contemple l’eau le Gange
le sol est chaud
endormi lieu
celui-ci t’a-t-il semblé absolu ?
autres chemins j’y cours
sans cesse
je prie je crois j’escalade
je bois du lait j’ai peur
je tourne dans des rues frappées de rouge
de requins
et de sifflets de rires quolibets
de calmes et de fouets
chiens crevés extases fureurs commerces
ustensiles pneus routes ponts
scandés de trains
trains immobiles dans des campagnes
carrefours lieux
voyageurs entassés dans des gares
sadhous nus
entrée des pauvres
Kashi lumière
Portes vers…
Je tremble j’appelle
où est mon corps
et les messages écoutés
les sarcasmes essuyés
les échanges monétaires
je marche sur des épines
je me fonds en un tout
révélé épris de joie
est-elle si facile cette boisson monotone ?
Que fermente cette coupe
en moi mes lèvres débordent
des enfants jouent au cerf volant
je suis accroché à cette ficelle
et si elle craque
ma foi je n’en sais trop
peut-être le vent me poussera-t-il ?
haut
j’aurai si peur
je suis en un corps sans nom
je marche sur la grève
si loin que je pourrai
cerclé de mer
un crépuscule désert
je suis perdu
enfiévré
Lune saison nouvelle
soir soir jour mémoire
lequel est une extase ?
quand je penserai à toi
je m’unirai à toi
tu seras la lumière équilibre
une plénitude
secret
Je campe avec mes biens imaginés
la force qui m’a poussé
en cet instant
où est-elle ?
une voix se souvient
une main prend la mienne
Les femmes par centaines de barques
se rendent pour la fête
vagues pulsions chants
battements qui planent
essor
Théâtre lueur
sur la tête des femmes
qui portent ces lampes
agiles
Corps couloirs labyrinthes pensées
Ah cessez ce pêle-mêle
je veux comprendre hurle le saint
il s’assoit psalmodie
dix ans
non je n’y comprends rien
il se fait musicien
éplucheur de légumes
marcheurs
extase de la démarche
Marcheurs proches
égarés dans votre lutte
à ne plus penser que de l’être
l’être tellement à ne plus savoir
Acte
agissant encore
indifférent
Brûle l’acquit gonflé protégé
de ce feu
qui dévore et annule
Invisibles et sans nom
les pêcheurs d’âmes ont rejeté leurs filets
Que cherchent le sorcier
et celui qui l’épie
quel pain fondent-ils en un corps si peu commun
qu’ils se renvoient leurs égarements multiples ?
cette trace d’un pas
sur quelle poudre de cendre
quel balbutiement
Quelle gifle de colère ?
Je contemple la lune
ma femme m’a révélé la vie
je regarde la lune
la légende hésite se souvient
et te commande
une commande
je la décorerai je l’enluminerai
je ferai de la lune une épée
j’apprendrai les symboles
L’amour la nuit
le poème donne à l’autre
la coupe avec le vin
soit ce qu’il contemple
de l’invisible esprit ou danse
le temps ne s’arrête qu’afin de t’inviter
à chaque instant
à mesurer tes secondes
à l’eau de là.
Corps constamment rejetant sur ses épaules
la même tâche
vivre et encore vivre
au milieu de l’égarement et de la vieillesse
la terreur de l’évidence
la course enflammée de mon cerveau
n’arrête pas les bœufs
un bœuf vague erre et bouffe à l’étalage
une saison roule et change de voyage
je rencontrai cette route et me laissai rouler
sans imprécation ni hurlement moqueur
vers cette Chair
Les gestes des vivants
les gestes des statues
se répondent
multitude des sentiers
tous divinisés
Marques mille fois répétés
regagnées sur le fleuve
qui efface
glissante eau signifiante
Cloches cloches rites cloches
peuplés des nuits
le rite accompli
marque un temps
qui lui aussi
accompli devient
indifférent
le lieu nasse t’attrape te protège et te relance
dans la fusion du muable
là
un lieu d’immuabilité
Tenu.
Bénarès Paris 1975-1980
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Loire
Un roi de trèfle en haut d’un vitrail
un ange pacifique
les foins bleuissent à la coudée
le fleuve déchirant de Loire
la vieille écluse
en face le bistrot
verts
bariolés les volets
s’identifie la lente prairie
des terres patiemment communiées
Anjou
hirondelles et martinets
à la fenêtre de mon enfance
entraîne le flot de Maine
sous les grands arbres
à Reculée
un vieux mât soudé au fond
bouée rouge troublée d’égouts
doctes guides des chemins ombragés
méandres des coiffes
maisons effritées poudrées de bruine
j’attends ma mère
au car de Rennes
dans les cafés des hirondelles
on descend la rue du ralliement
bordée d’ardoises
l’amoureux étourdi
supplie l’amour
passage d’agonie
sous la voûte d’un baiser
Anjou (ciel)
hirondelles
dossées au ciel
musant le doux
regard au monde
clous et croches
qui filent à la
levée de (g)Loire
(En Corse)
Estelle
Quand la nuit se mesure à cette crispation du ciel
tisons des veilles sur le vieux banc
les épousés retournent
leur linceul
la cloche cogne
le jour si bleu
les ancêtres s’amenuisent
au tournant de l’échelle
Haute Corse, Albertacce
une ligne sans mélange
marque les cieux
garde ta fenêtre
ouverte
berceau des épousés
nuages
leur cordon ouaté
nuée de fantômes
goule
incurvée en les monts
silence
la pluie
un roncier
brûlé
gravitent tes espoirs
bandits !
les terribles cochons
Gênes
bouge azuré de Gênes
des filles crieuses
colorient les désirs marins
Assise
Sur le toit d'Assise
une vierge parle avec le saint
Dans le jardin
des rois quémandent
Il est toujours temps
de manger avec le voyageur
la tranche de pastèque le pain et le fromage
Il fait beau
un u. l. m voltige dans le ciel
le paysage s'est figé
broyé
Nuit
La nuit mauve
couche les filles
au pied de l’arbre
au néon vert
Nuées de criquet
stigmates
Le baobab chemine
ainsi le termite et le ronier
vers le puits
ensemble ils ont des contes
des femmes et des enfants
Au cœur de l’arbre
un griot mort
chante
il y a même un banc
pour s’y asseoir
et des fourmis qui portent
au loin les nouvelles
Un vent brûlant
secoue des rives
Mobiles les hyènes
poudroient le ciel
Un film indien
dorlote des lupanars
Des promeneurs glissent
sur des avenues de sable
La nuit mauve couche les filles
au pied de l’arbre
au néon vert
Thiès.Sénégal.1990
Octobre
des vignes illicites
un lit de paille
la jeune fille
dorée par l’aube
la maison
battue des vaches
Le sexe bleu de l'été
le sexe de l'amour
doré
a fronlé
Tu as fait naître
le temps de l'enfant
le temps de l'enfant est venu
Fleur te voici gonflée
Babylone la bouclée
Le rire a fusé
de la fleur
volée
Avec toi je dessine
d'arabesques cimes
Mots pays contrées
Des écoliers musèlent le haut ciel
Les rapaces happent des cumulus flamme
Les rivières demandent à boire à des vendeurs d’occasi
Sur l’asphalte fendillé
Des fillettes lavent
Une citerne d’ombre
Après midi de juin
Apollinaire je révère
ton soleil ardente lyre
les rues inconnues s’entassent dans la mémoire
naissantes horloges aux étoiles
un amour cherche une forme
des titubants s’accrochent au refrain
les endettés n’achètent pas d’actions
les autres clochardent amoureusement
elle et lui sous l’embrasement d’un porche
l’aimera-t-elle demain ?
se tiendra -t-elle encore contre lui ?
A un café de Fécamp
Ainsi posé
Je renâcle
dedans le ventre
de ma mère
Elle dans sa jeune robe
verte à rayures même pas belle
les traits tirés chignon fiché
Elle qui m'attend
Elle qui me tend
à cette table machinale
Café volé au gré du vent
Les mouettes au gré
des mâts
s'écrient
le bleu si pur
Entre les toits
elles passent
bombées
comme des hydravions
Les amants ciselés des fontaines
Un soir s’éprennent
Du tonnerre ce ciné
Cette fille et ses seins quotidiens
Donnez-nous notre laitbdomadaire
Gentille chamelière
Le genre humain n’est pas tous les jours
en Guerre
à Françoise A.
Il y a eu
Les arbres de l'hiver
Toi marchant si frêle
Habitée d'un vertige grave
Alchimie mariage noir
Banc de frissons
Couleurs grises des ardoises
Nous avons marché jusqu'à l'eau
Péniches de Notre dame
Corps silence de la Rose
Pavillon bleu de ton studio
Couloir sexe sang des peintres
Tu me tends les bras Lou Lou
Un oiseau au-dessus d'une vallée
Un préau d'enfants où dorment
De petites filles allongées
Les fiancés de la mémoire
descendent pour la nuit
mains serrées
face à l'éternelle étoile
la terre remue
la longue nuit
des bêtes lentes
qui t'attendent
quand viendras tu
étreinte
Restituer
Gaîté
Les sanglots sont entrés en fusil dans ta vie
L'amour défiguré
N'a guère servi de sens
Voici l'homme injustifié
Indolent
Pétrifié
Quel hymne peut bien renouer
Compassion infinie
Dans cette nuit refusée
Le fermier debout
Ne comprend guère
Les douceurs de la vache pour son petit
Demain le troupeau abattu
Dans un matin de sorcellerie
Pleure le clocher
En ce pré blanc de nuit
métro
Citadelle fichée dans le vent
Un postier s'en détourne
Pour suivre son amour
Je tombe
Du haut de cette tour
Amer
Elle,
l'absente
a relégué
sa vie
ses sandales
dorées
ses ongles
vernis
au rayon
des objets
Perdus
L'amour entier s'est épris de misère
Les femmes ne se sont pas détournées
Plus jamais
Elle
Ne reviendra
La dolce amie
A mangé son collier
Tondu de solitude
Les armées se sont serrées
Les femmes
Et leurs berceaux
Dans les collines
Ont tué le dieu le dieu
A l'Arioste
Libéré de l'arbre et du crime
Angélique s'échappe
Le comte Roland court éperdu parmi les monts
Il pleure Angélique
La beauté des tournois
Il culbute les géants
Franchit les précipices
En vain
Bradamante & Roger Isabelle & Zerbin Angélique & Médor
Construisent d'étranges romans où s'aiguisent les ongles
Le roman glisse des mains
Reste Roland le comte angevin
Des fées anciennes arrachent son cœur de leurs rets
Les sapins défient ironiques ses colères
Quand bien même il ébranlerait la montagne
Angélique s'échappe
Roland furieux tue des ombres sans mémoire
Paris 2002
Le Poème
Recherche détour
Une caresse de mots, une trépidation,
Que dit le poème? cette source douteuse.
Une pureté, une intelligence de gloire?
Un code de retrouvailles de caste?
Oh! les lectures du petit carré des fidèles
Que viennent ils chercher dans cet oracle?
La vieille superstition
Il y aurait dans la parole un morceau de la pierre originelle,
Tous drapés de blancs les adorateurs des divinités d’orient et d’occident
des salons balzaciens.
Ou alors une nouvelle attitude, tranchée, assise,
Déséquilibre mais palpable,
Forme jeune vieille
Combats avec l’ange
Idées, mots, vagues identifications.
Je suis dans le jeu de mots comme le curé dans la fange,
Mieux ! j’ai cassé la cathédrale,
J’ai sanctifié l’huile et le mourant.
Des encens émotifs d’amours et de reconnaissance,
Des accusations, des récitatifs
Le poème
tend vers toutes les formes,
Magma primordial
dieu est poète nécessairement
ou plutôt le poème déroule pour l’humain quelque chose de sa coiffe
quelque chose d’une infime partie de la divinité confuse
croyez vous?
le poète soulève les cailloux,
renifle avec son stylet les odeurs, les dimensions, les humus, les amas,
merde étoile crotte de chasseur chaises cassées
formes à côté d’un abîme, équilibre à genoux.
Ai croisé des poètes,
humains très humains à la manière sociale,
dans la pose des poètes trop de mensonges.
La poésie est la trace d’un global.
Qu’est-ce qui veut écrire? Penser ?
La question est pour tous
Qu’est-ce qui veut ne pas être englouti?
Faire des miracles faire des miracles
Réunis parfois dans des visions, mais rare
une ferme ancienne flambant neuve.
Les poètes et les grands mots
Soleil Monde Univers Océan
Tout cela qui ne tient pas dans la main, ni même dans le langage
miroirs crevés
cimetières d’abondance
Désespéré n’est qu’un mot accroché à une machine
Le désir bout
Si je te racontais mes fantasmes?
Les tiens t’intéressent davantage
et ton fric, OK.
Ce que j’aime chez Ezra : le décompte de la bourse,
Poème de la mondialisation, le décompte:
J’ai une semaine devant moi de déficit
cinquante mille francs
cinquante ans passés
les artères rétrécissent
pas de perspectives d’amour
les journaux mentent.
Le poème
équilibre? évite? ou portion congrue ?
J’ai regardé le fond du bol
Un rayon de miel arboricole
(référence et reconnaissance à Ryokan)
Fouille fouille les décharges
mirifiques traînées d’hommes
la fourmilière ennemie des provinces
les stations sexy branlent
Bonheur mieux que la mendicité dans la nuit.
Ce que tu cherches si contradictoire
Ronge le poème
Poupée gonflée dégonflée
Des zeppelins bleus d’artifice
Dans les nuées empourprées
Les blés fauchés des destinées
Paris 2000
Relieur
Quel est le relieur du mot à l’image ?
ô questeur
la question de qui frappe le sens
et le porte
cette question est dans ce qui le retient
en son ascension comme dans sa chute
les souvenirs du corps
sont les dieux noirs
sont les roses d’un vieux livre
renouées à chaque pas
Ode à ce désir,
sans ce récif
qu’y aurait-il?
Ode
les mots tintent leurs carreaux d’inconstance
En moi rôde
une si furieuse
envie de dire
Ode aux lutteurs
du verbe
ceux qui l’ont torsadé
qui ont senti les guirlandes
O Stéphanou(s) !
C’est une plage atteinte par les amoureux
Page en un mouvement
si bleu
à Hölderlin
Chant
crispée de bleu
la main se hanche
serré de sang
le corps
arc boutés
les hommes sphères
d’errement
et du chant
© tous droits réservés, Dérives, anton alain.