DANTE /BORGES /

DANTE Alighieri

Liens DANTE

 

Au milieu du chemin de notre vie

je me retrouvai par une forêt obscure

car la voie droite était perdue.

DANTE. ENFER. CHANT 1.

 

 

dante enfer FAUTRIER

FAUTRIER, pour l'Enfer Chant 31

 

LES CONJURES

LOS CONJURADOS 1985

JORGE LUIS BORGES

Traduction de Claude Esteban. PLEIADE.

 

LE FIL DE LA FABLE

Le fil que la main d'Ariane glissa dans la main de Thésée (son autre main tenait l'épée) pour que celui-ci s'enfonce dans le labyrinthe et qu'il en découvre le centre, l'homme à la tête de taureau ou, comme le veut Dante, le taureau à la tête d'homme, et qu'il lui donne la mort et qu'il puisse enfin, sa prouesse accomplie, défaire les mailles de pierre et revenir vers elle, son amour.

Les choses se passèrent ainsi. Thésée ne pouvait savoir que de l'autre côté du labyrinthe s'ouvrait l'autre labyrinthe, celui du temps, et que dans quelque lieu déjà établi se trouvait Médée.

Le fil s'est perdu. Le labyrinthe s'est perdu, lui aussi. Nous ne savons même plus, maintenant, si c'est un labyrinthe qui nous entoure, un cosmos secret ou un chaos hasardeux. Notre beau devoir à nous est d'imaginer qu'il y a un labyrinthe et un fil. Jamais nous ne tiendrons le fil. Il se peut que nous le rencontrions et que nous le perdions dans un acte de foi, une cadence, un rêve, dans les mots que l'on nomme philosophique ou dans le simple bonheur.

Cnossos 1984

POSSESSION DE L' HIER

J'ai perdu tant de choses que je serais incapable d'en faire le compte, et je sais que j'ai perdu le jaune et le noir, et je pense à ces couleurs impossibles comme n'y pensent guère ceux qui voient. Mon père est mort et il continue d'exister auprès de moi. Lorsqu'il m'arrive de scander quelques vers de Swinburne, je le fais me dit-on avec sa voix. Celui-là seul qui est mort est nôtre, seul est nôtre ce que nous avons perdu. Ilion fut, mais Ilion perdure dans l'hexamètre qui la pleure. Israël fut lorsqu'il était une antique nostalgie. Tout poème, avec le temps, devient une élégie. Nôtres sont les femmes qui nous ont laissés, étrangers enfin à l'attente, qui est angoisse, et aux alarmes et aux terreurs de l'espérance. Il n'y a d'autres paradis que les paradis perdus.

JORGE LUIS BORGES


Je ne suis en rien spécialiste de Borges, je n'ai accès à cet auteur que via des traductions.Je sais qu'on revient à Borges et qu'il renvoie toujours des signes d'intelligence.

Ces deux textes sont beaux, et rares. Ils ont une hauteur de vue hors de toute mode.

Cette référence à Borges apparaît ici dans la suite des lectures de Dante.

Borges aime insister sur le bonheur de lire DANTE

"Pour terminer, je voudrais simplement insister sur le fait qu'on n'a pas le droit de se priver du bonheur de lire La Divine Comédie, de la lire de façon naïve. Ensuite viendront les commentaires, le désir de savoir ce que signifie chaque allusion mythologique, de voir comment Dante a pris un vers célèbre de Virgile et l'a peut être amélioré en le traduisant. On doit d'abord lire le livre avec une foi d'enfant et s'abandonner à lui ; après il nous accompagnera jusqu'à la fin. Depuis tant d'années que ce livre m'accompagne, je sais que si je l'ouvre demain, j'y trouverai encore des choses qui m'avaient échappé. Je sais que ce livre ira bien au-delà de ma veille, bien au-delà de nos veilles.

SEPT NUITS. SIETE NOCHES. 198O.

Borges a des commentaires singuliers, (il peut se permettre cette liberté), il réunit comme textes majeurs La Divine Comédie et Macbeth de Shakespeare, il trouve que ces deux textes ont une intensité maximum.

Dans ses "NEUF ESSAIS SUR DANTE", Nueve ensayos dantescos." (1982) il développe ses étonnements.

BORGES. LE DERNIER SOURIRE DE BEATRICE. (9ème essai)
"Je me propose de commenter ici les vers les plus pathétiques que nous ait jamais donnés la littérature"

"Cosi orai: e quella, si lontana

come parea, sorrise e riguardommi;

poi si torno a l'etterna fontana."

"Ainsi priai-je: et elle, si lointaine

Qu'elle paraissait, sourit et me regarda;

Puis elle se tourna vers l'éternelle fontaine"

PARADIS, XXXI, v 91

Dante soudain se retrouve sans Béatrice, elle a rejoint le cercle des anges, à la place de Béatrice se tient un vieillard, Saint Bernard. Béatrice de sa place, lui jette un bref regard, puis retourne pour toujours à sa contemplation .

Commentaire de Borges:

"L'horreur transparaît dans ces mots: come parea se réfère à lontana mais contamine sorrise de sorte que Longfellow a pu traduire ainsi sa version de 1867:

Thus I implored: and she, so far away,
Smiled as it seemed, and looked once more at me…

Eterna semble également contaminer si torno."

 

"Dante prie Béatrice comme on prie Dieu mais aussi comme on prie une femme désirée" écrit Borges parlant de la vibrante prière à Béatrice qui précède cette "scène"

"O donna in cui la mia speranza vige,

e che soffristi per la mia salute

in inferno, lasciar le tue vestige

O Dame en qui prend vie mon espérance

et qui souffrit pour mon salut

de laisser la trace de tes pas en enfer"

PARADIS XXXXI, v 79

 

Le dernier vers me fascine, "le tue vestige" est ce à dire que Béatrice a fait le chemin avant lui? qu'elle a tracé le chemin que suit Dante jusqu'au ciel?

par elle il est attendu, autorisé, destiné?

Béatrice se confond avec le chemin de Jésus qui a racheté les fautes des hommes ?

Chez Dante tout est physiquement représenté, ici les traces, les empreintes de Béatrice aux enfers sont une image tellement forte de présence, mystérieuse, palpable, présence et ombres, empreintes, traces, mots , rêves,

associés à l'espérance, la grande, celle qui fait vivre, et la plus grande, celle qui donne sens, qui sauve.

Incroyable pari, à chaque vers, Dante nous parle toujours à plusieurs niveaux, toujours relié au corps, aux sentiments en même temps qu'à l'intelligence et à l'infini des désirs et des espérances.

Comme si peut être l'homme Dante fuyait un immense désespoir.

Dans les enfers, dans ces boues et ces pierres, les empreintes de Béatrice la femme de lumière.

 

Un vers de Dante transforme parfois la Divine comédie en poème courtois ce qu'est aussi cette grande œuvre, c'est une de ses dimensions autant que toutes les autres

"Vincendo me col lume d'un sorriso,

ella mi disse: " Volgiti e ascolta;

ché non pur ne' miei occhi è paradiso".

PARADIS CHANT XVIII , v 21

En me vainquant par la lumière d'un sourire,

Elle me dit; " Tourne-toi et écoute;

Le paradis n'est pas tout dans mes yeux."

 


 

Traduire Dante, Jacqueline RISSET

préface de l' ENFER, traduction de Jacqueline Risset.Garnier-Flammarion.

"La flèche de la tierce rime ne cesse pas, la surprise emmène le voyageur, le rythme des vers impairs dépayse l'oreille comme un vers libre; c'est là, dans ce mouvement fébrile, que Dante est proche, qu'on entend sa voix, et que cette voix nous concerne.

Jacqueline Risset et Dante, « outrepasser l’humain par les mots »

articles et études  sur DANTE revue pile face  Philippe Sollers (sur et autour)

quelle chance cette traductrice, sa traduction est lisible, limpide, avec une telle intelligence de l'oeuvre

 


BOTICELLI

Paradiso, Jupiter

 


 

Notes sur DANTE

Conscience d'être en phase avec une langue et de lire Dante, le maître,

embué de cette langue neuve qui sourd de lui, comme le sang de la plaie du Christ !

langue qui naît des images ou images qui naissent et renaissent sans cesse de cette langue et qui permettent à Dante de construire et de visualiser et de faire voir et entendre cette architecture mystérieuse, celle de l'évidence pour lui, aux autres, mais à qui ?

preuve justement que tout un public est prêt, réceptif et savant, à s'aventurer avec lui, en ce temps, en ce siècle, que nous rejetons, nous dans notre modernité douteuse et méprisante, comme obscur et lointain,

Dante témoigne d'un peuple, excès des noms et des exemples

nous donnant au passage un fabuleux aperçu des modes de pensées d'une époque,

mélange du savoir ancien et de sa mystique avec celle du christianisme fondateur, espéré en son renouveau,

en même temps, Dante brûle visiblement de la flamme des soufis, pour marcher ainsi en une si incroyable aventure symbolique

si présent dans le songe, et au milieu des ombres, si charnel, son approche de Béatrice et du paradis est un chant de désir,

rire de Béatrice, maîtresse qui le terrorise, toujours elle, la première, l'image augurale,

vision de cette église putain frappée par un géant (roi de France)

Dante se veut écrire une comédie, il revendique l'acuité des images drues, des appellations friponnes, des associations populaires, en ce ciel mystique, lumineux et prophétique, des mots crus, des imprécations

ce poème pourtant est un songe,

Dante l'annonce en ce début si troublant : où est-il vraiment ? il est éveillé, en même temps il est à ce moment du rêve où tout se confond, ou l'on rêve vraiment, et par un tour de passe-passe, il nous fait croire à la réalité de sa marche, de son ascension, cela est là dans son rêve, et pire dans son angoisse, là où il a corps, où il interroge et lui même ses fantasmes et son monde, et sa culture

c'est une transe chamanique en forêt chrétienne

 

Surgit son maître, Virgile, son père

Oui mais aussi, un égal, un label, une accroche publicitaire de génie,

L'ouverture gratuite des studios imaginaires de la tradition et de sa machinerie visuelle

c'est bien sûr pour nous avant tout et cela ne peut être que cela

un fabuleux poème, qui pose exactement ce qui me hante en ce moment, la toute puissance de la morale dans le désir

Dante ne cesse de demander se demander nous demander s'interroger sur la qualité du désir éprouvé, tu ne m'as pas assez aimé dit Béatrice, si si, répond Dante, oui mais tu n'as pas vu le bien à travers moi, dit elle

dans le poème il se passe quelque chose, une accession à la lumière, une épreuve du désir, non pas son renoncement, une meilleure qualité de ce désir, le bien s'installe, la lumière devient réellement de plus en plus forte,

il y a plutôt un accroissement du désir,

il y a aussi comme une épreuve et une exaltation de tous les sens, on devient aveugle, c'est pour mieux voir, on perd l'ouie et le toucher, c'est pour mieux toucher et mieux entendre

la terre italienne sur laquelle marche mon fils, n'est jamais perdue de vue en cette course céleste, à l'instar des peintures de l'époque, toile de fond des visions, paysages cryptés et tout simplement là, en son corps aimé, et en ces noms qui nomment, fleuves, monts, villes, villes qui se décrivent comme lieux, théâtre ou se passent des scènes, des amours, des trahisons, des crimes

ciel ou s'envole une alouette

"Quale allodetta che 'n aere si spazia

prima cantando, e poi tace contenta

de l'ultima dolcezza che la sazia"

Comme alouette qui s'élance dans l'air

chantant d'abord, et puis se tait, contente

de la dernière douceur qui la comble

Paradiso XX v75

 

Rois, princes, papes, lutte des pouvoirs, nostalgie d'un empereur et d'un ordre, en même temps que méfiance, défiance et résistance à l'ordre

Dante se glisse, et songe, en cette jointure, miraculeuse

nouvelle cathédrale

Cet immense édifice est décalé, il révèle une faille, et le poème est "SAUT"

"e cosi, figurando, il santo riso

convien saltar lo sacrato poema,

come chi trova suo cammin riciso.

Ainsi en décrivant le paradis,

Le poème sacré doit faire un saut,

comme celui qui trouve la voie interrompue.

Paradis, chant XXIII,v 63

 

Cette valorisation du poème, cette volonté d'inconnu et de sacré, situe la poésie dans une perspective proche de celle d'Hölderlin dont il retrouve presque les mêmes mots (cf le poème les Parques).Tout en reprenant l'image terrible du début de la Comédie, celle de la voie droite brisée, ouverture de toutes les blessures, des inversions du sens et des désespoirs, Dante ici affirme la conscience de son incroyable projet, orgueil de dire l'indicible, confiance en cette langue poétique capable de restaurer le sens brisé et de donner à voir et à éprouver les beautés d'un monde dont les mystères dépassent nos limites et nos échecs.

Cette affirmation est à lire en dialogue avec Béatrice, il s'agit de "la puissance qui permet à Dante de soutenir le RIRE de Béatrice"

""tu hai vedute cose, che possente

se' fatto a sostener lo riso mio"

(Béatrice à Dante)

"tu as vu des choses qui t'ont donné

la puissance de supporter mon rire"

Paradis chant XXIII

Cette révélation l'amène a évoquer un au delà du langage, mais avec quelle grâce, quel amour de la langue

"Se mo sonasser tute quelle lingue

che Polimnia come le suere fero

de latte lor dolcissimo piu pingue,

per aiutarmi, ai millesmo del vero

non si verria, cantando il santo riso

e quantio il santo aspetto facea mero"

 

Si à présent résonnaient toutes les langues

Que Polymnie fit avec ses sœurs,

Les plus nourries de leur lait si doux

Pour me secourir, on n'atteindrait pas

Au millième du vrai, en chantant le saint rire,

Et comme la sainte lumière le rendait pur;

Chant XXIII, v 60

 

Dante s'adresse alors au lecteur , lui demandant d'avoir conscience de la difficulté de l'entreprise,

"Ma chi pensasse il ponderoso tema

e l'omero mortal che sa narca,

nol biasmerebbe se sott' esso trema

 

Mais qui voudrait songer au poids de mon thème

et aux épaules mortelles qui le chargent

ne les blâmera pas si elles tremblent sous lui.

Chant XXIII, v 66

 

Dante avance, rythme une marche incessante et rapide,

poésie de Dante, une légèreté terrible et sacrée.

a.a

 


Manuscrit Florence

in Dante on line


Dante Alighieri (1265-1321)

 

Dante Alighieri est né le 29 Mai 1265 à Florence dans une famille de petite noblesse

En 1274, selon la Vita nuova, il voit pour la première fois Béatrice Portinari et tombe amoureux

d’elle.

A 20 ans, il épouse Gemma Di Manetto Donati, issue d’une branche modeste d’une grande lignée, dont il aura quatre enfants, Jacopo, Pietro, Giovanni et Antonia...

En 1292, il commence à rédiger La Vita nuova, Béatrice est morte deux ans auparavant.

La lutte fait rage entre Guelfes Blancs et Guelfes Noirs et Dante prend le parti des Blancs.

En 1300 , il est élu à la charge de Prieur.

En 1301, Dante est envoyé à Rome vers la pape Boniface VIII.

Les Noirs l'emportent. Dante est condamné à l'exil.

A partir de 1304, va commencer pour Dante un long exil à travers l’Italie où il était partout très bien accueilli.(Vérone, Lucques, peut être même Paris...).

Il rédige De vulgari eloquentia et Il Convivio (1304-1307), composé en langue vulgaire, traité inachevé qui devait une somme encyclopédique de savoir pratique.

Il entreprend en 1304? la rédaction de la Comédie qu’il travaillera toute sa vie.

1312 De monarchia

Vers 1315, on lui offrit de revenir à Florence mais à des conditions qu’il estima trop humiliantes.

1316 composition du Paradis?

En 1319, Dante est invité à Ravenne par Guido Novello da Polenta, Seigneur de cette ville, qui l’envoie en 1321 comme Ambassadeur à Venise.

En rentrant de cette mission d’ambassade, Dante est terrassé par une attaque de malaria et meurt à Ravenne à 56 ans dans la nuit du 13 au 14 septembre 1321.

 

d' après les bibliographies de DANTE, Vita Nova, traduction de Louis-Paul Guigues,

nrf. Poésie Gallimard et du site de la La libreria di Dora

 


 

Manuscrit de l'ENFER

présenté par University of Notre Dame (IndianaUSA),
Newsberry Library, University of Chicago

Renaissance Dante in print présente une histoire très illustrée et très complète des publications de la Comédie du XIV au XVII siècle.

 

La divine Comédie

La libreria di Dora

Une présentation qui fait le point sur les approches actuelles de DANTE

 

 

T.S ELIOT a affirmé que La Comédie à laquelle l’admiration de la postérité ajouta l’épithète «divine» est le plus promptement offert de tous les grands poèmes, celui où il est le plus aisé d’entrer de prime abord. Effectivement, l’effort du lecteur secondé par les notes indispensables n’est pas plus considérable que pour d’autres grandes œuvres. Pour les lecteurs français, il est conseillé de la lire dans la très belle et intelligente traduction de Jacqueline RISSET chez Flammarion (1992) émaillée de notes très instructives.

Ce poème a été écrit par Dante Alighieri durant son exil entre 1304 et 1321, soit selon Dante: «Au milieu du chemin de notre vie/ Je me retrouvai dans une forêt obscure/ Car la voie droite était perdue». C’était il y a 700 ans, l’année du grand jubilé à Rome, ordonné par le Pape Boniface VIII. Dante avait 35 ans (le milieu du chemin de la vie selon les critères de l’époque) et c’est au printemps 1300 au moment de Pâques qu’il entreprend son voyage vers l’au delà.

Intitulé Comédia par son auteur (au sens d’œuvre parce que la fin est heureuse alors que le commencement ne l’est pas), nommé au XVIème siècle par un éditeur de Venise, Ludovico Dolce, Divina Commedia, le chef d’œuvre dantesque (commencé vers 1304 et achevé vers 1321) est fait de 14233 vers répartis en tercets (tierce rime), regroupés en 100 chants répartis eux mêmes en trois parties :

• l’Enfer de 1304 à 1307 (1 introduction générale +33 chants)
• le Purgatoire de 1307 à 1313 (33 chants)
• le Paradis de 1316 à 1321. (33 chants)

Cette chronique devint aussitôt célèbre. Les gens du peuple, les artisans de Toscane apprenaient l’Enfer par cœur et plus tard durant son douloureux exil, les Princes éclairés appelaient Dante auprès d’eux pour l’entendre parler de ce qu’il nommait dans son Paradis, le poème sacré. La Florence de Laurent de Médicis au XV ème siècle vouait un vrai culte pour Dante. Léonard, Raphaël et Michel Ange le disaient leur maître et Botticelli s’est enfermé 10 ans pour illustrer chacun de ses 100 chants. Au XVI ème, François 1er et sa sœur Marguerite avaient fondé une académie dantesque où on lisait tous les soirs la Comédie. Le nom de Dante a été gravé bien après sa mort par Paul VI dans le baptistère de Florence où il avait été baptisé. Jorge Luis Borges, dans «Neuf essais sur Dante» a commenté de manière très attrayante l’œuvre de Dante. Parmi les centaines de personnages de la Comédie, il en a retenu quatre, Ulysse, Ugolin de Pise , Francesca et Béatrice. Dante, en route vers le Paradis, travaille au plus chrétien des livres jamais écrits de main humaine et selon Borges, la conscience de se lancer dans une aventure périlleuse qui l’exposerait à la vengeance de ses ennemis a permis à Dante de s’identifier à Ulysse. Dante écoute avec une pitié infinie le récit de Francesca, femme adultère au lieu de la repousser, selon Borges, Dante admire et envie ces amants maudits que sont Paolo et Francesca, condamnés à tourbillonner sans fin dans les flammes, parce qu’ils se sont aimés d’un amour réciproque. Et que tel ne fut pas le cas pour Dante et Béatrice.

C’est une œuvre d’une rare densité qui embrasse tout ce que pouvait contenir alors un esprit humain et qui a frappé ses contemporains par la jeunesse, la vigueur, la verdeur de sa langue. La charpente de la comédie est clairement basée sur le nombre 3 qui exprime la trinité divine et le 10 qui est un nombre parfait. (Béatrice arrive au chant XXX du Purgatoire et prononce le nom de Dante au chant au vers 73). C’est le récit d’un fantastique voyage dans l’au delà accompli au cours de la semaine sainte de l’an 1300 par Dante lui même, perdu au milieu du chemin de sa vie dans la forêt obscure du péché et sauvé du péril par l’intercession de la bienheureuse Béatrice et accomplissant un pèlerinage salvateur dans l’autre monde, guidé d’abord par Virgile ( le grand poète romain qui symbolise la raison humaine ) en Enfer et dans le Purgatoire puis par Béatrice au Paradis (qui symbolise la science divine). Ce voyage effectué par Dante a une signification allégorique et représente l’itinéraire que l’homme doit parcourir afin d’échapper aux passions terriennes pour aboutir à l’illumination des libertés morales et de la foi, un chemin qui va de l’instinct et de l’ignorance vers la conscience de la vérité et du salut. Dante nous expose ainsi sa conception de l’Au delà par le biais d’une pérégrination surnaturelle successivement en Enfer, au Purgatoire et au Paradis. Après avoir assisté à diverses processions mystiques et à des métamorphoses fantasmagoriques, Dante voit apparaître Béatrice à son arrivée dans le Paradis, tandis que Virgile s’éclipse discrètement. C’est avec Béatrice qu’il poursuit son voyage par l’ascension au Paradis représenté selon les théories d’Aristote et de Ptolémée et arrivera à la vision ineffable de Dieu avec Saint Bernard qui le guidera alors.

La Comédie s’achève après l’intégration absolue du savoir philosophique dans la vérité de Dieu, l’élévation de l’amour au rang de principe de tout bien et de tout mal, la résolution des problèmes politiques par la doctrine de la légitimité universelle et éternelle de l’Empire.

La Divine Comédie s’inscrit dans la longue tradition de visions de l’au delà et fait une large place à la tradition gréco-latine. Le voyageur de l’au delà est entouré de poètes et a des préoccupations de poète. Le poème est écrit à la 1ère personne mais le nom de Dante ne sera prononcé qu’une seule fois par Béatrice.

Cette structure prismatique du moi locuteur est sans précédent et anticipe sur les recherches littéraires modernes. Dante est le sujet de son poème, il est omniprésent mais n’en n’est pas la matière. On ne peut donner une image même schématique du monde de la «Comédie» mais il est possible d’esquisser l’ordre qui préside à la description des trois royaumes de la damnation, de la pénitence et de la béatitude. Il y a dans l’Enfer une force pathétique, dans le Purgatoire une émotion plus pénétrante et dans le Paradis le miraculeux triomphe de l’imaginaire.

 

Andrea del Castagno, Ritratto di Dante, affresco, Cenacolo dell'ex convento di S. Apollonia, Firenze

site de la RAI , sur Dante,

 

sites sur DANTE:

 

Jacqueline Risset et Dante, « outrepasser l’humain par les mots »

articles et études  sur DANTE revue pile face  Philippe Sollers (sur et autour)

 

 

Dante on line, site italien

 Italia Libri Ce site présente un vaste choix d'études et de liens d'auteurs italiens  (italien/français/anglais)

Renaissance Dante in print 1472-1629, illustrations et éditions de Dante.

peintures et gravures Columbia University, New York City; textes, analyses,

 Compiled by Otfried Lieberknecht

Dante Aliegheri on the web, de Carlo Alberto Furia, nombreux liens.

site de la RAI , sur Dante, textes, iconographie;

Il sito ufficiale della Società Dante Alighieri 

projet Gutemberg

audio video  Gassman legge Dante - Inferno, Canto I

 

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